Etre sensible à la matière de nos vêtements, c’est aussi être sensible à l’environnement. Le sujet des fibres textiles est assez complexe, tout le monde le mixe à sa sauce et finalement on entend parler plus que du lin. Pourtant, il est essentiel de comprendre de quoi il s’agît afin de trouver les fibres qui nous correspondent le plus. Nos vêtements doivent s’adapter à notre style de vie, nos valeurs, notre budget, notre peau. A travers cet article je vous livre toutes les informations récoltées au fils de mes rencontres, de mes lectures, de mes écoutes. Cet article sera mené à évoluer au rythme de mon continuel apprentissage.
Qu’est-ce qu’une fibre textile ?
Le terme fibre textile est mal employé car ce terme regroupe : les fibres, les filaments et les fils. Plus concrètement, pour la création d’une matière textile nous utilisons un fil qui est l’assemblage de fibres courtes tissées ou de filaments. Il faut donc savoir faire la différence entre une fibre qui est un élément unitaire de courte longueur, dit discontinu, et de provenance naturelle et un filament, qui est un élément unitaire de très grande longueur, dit continu, et principalement de provenance chimique. Hormis les fibres issues de la sécrétion d’insectes comme la soie. Vous l’aurez donc compris, le cuir, la nacre, etc, ne sont pas des fibres naturelles mais des matières naturelles. Voici un peu d’histoire pour bien comprendre les différents types de fibres textiles. Il faut se rappeler que jusqu’à la fin du XIXème siècle il y avait uniquement les fibres naturelles. Grâce à la chimie, les fibres chimiques apparaissent et des premières expérimentations sont nées les fibres artificielles. Les fibres synthétiques arriveront beaucoup plus tard, dans les années 20/30.
Pour info: je n’ai listé que les fibres utilisées dans l’habillement et les accessoires de mode.
Qu’est-ce qu’une fibre naturelle ?
Les fibres naturelles sont obtenues par transformations physiques et mécaniques d’une matière naturelle, sans modifier sa composition. Elles sont réputées pour avoir un touché doux et être confortables au quotidien. Un des moyens pour les reconnaître rapidement c’est qu’elles sont toutes antistatiques contrairement aux fibres chimiques mais elles boulochent plus vite… Ces fibres se répartissent en 3 catégories : végétales, animales et minérales.
Les fibres végétales
Elles sont issues des fleurs, des graines, des tiges, des feuilles ou de la sève. Par conséquent elles conviennent aussi vegan et ça c’est top !!
Le coton entoure les graines d’un arbuste appelé cotonnier. Il est la plus importante des fibres naturelles produites dans le monde. On l’apprécie car il est absorbant, isolant mais surtout hypoallergénique. Il est solide et souple en même temps. De plus, les vêtements en coton ne posent aucun problème particulier d’entretien. Malgré tous ces avantages, la production de tissus à base de coton a un impact très négatif sur l’environnement.
Le lin est extrait de la tige du linume. Elle a la particularité d’être une fibre longue (plusieurs dizaines de centimètres), solide et brillante. Les vêtements en lin ont la particularité d’être thermorégulant, anallergique, absorbant et résistant. L’inconvénient est que le lin a tendance à se froisser facilement. Sa culture nécessite peu d’engrais et de pesticides et elle a la capacité d’améliorer la qualité du sol pour les cultures suivantes.
Le chanvre fait parti de la famille des cannabaceae, autrement dit de la même famille que le cannabis. La fibre est extraite de ses tiges, le processus de transformation est assez long, fastidieux et de ce fait, coûteux. Sa fibre est également thermorégulatrice. Elle est aussi antibactérienne, antifongique, repousse les nuisibles et extrêmement résistante. Cette plante consomme très peu d’eau et ne nécessite que très peu voire pas du tout d’engrais.
La ramie est une plante textile de la famille des orties. Sa fibre extraite des tiges est constituée d’une cellulose de très bonne qualité et permet la fabrication de tissu très résistants. La ramie est très solide, imputrescible et brillant. Sa fibre a le surnom de soie végétale. Dans les vêtements, elle est fréquemment mélangée à d’autres fibres textiles plus courtes comme la laine.
Le jute possède une tige filamenteuse de couleur naturellement dorée. Plus elle est dorée et plus on estime que sa qualité est bonne. Elle porte d’ailleurs le surnom de “fibre d’or”. Cette fibre est peu connue car elle est principalement utilisée pour créer des fils, ficelles et sacs. Pourtant elle est la deuxième fibre naturelle la plus récoltée au monde. Cette fibre est résistante à la traction et possède une faible extensibilité ce qui permet d’améliorer la respirabilité. Elle est également biodégradable et recyclable.
Le sisal est une fibre qui se trouve à l’intérieur des feuilles d’agaves. Les fibres sont courtes et épaisses, donc elles ne peuvent pas être filées. Ces fibres sont extrêmement solides, résistantes à la tension, rigides et hydrofuges. Les déchets issus de la transformation sont principalement organiques. Cette fibre est biodégradable.
Les fibres animales
Les fibres animales sont issues des poils d’animaux ou de la sécrétion d’insecte. Il est très difficile de savoir si les animaux élevés pour leur toison intègrent par la suite le circuit de l’agroalimentaire…
La laine est un vaste sujet, le mot “laine” est devenu un terme générique qui englobe énormément de différents types de laine. Par contre, elles ont toutes les mêmes pouvoirs : l’isolation thermique et la résistance. Elles sont également dotées de propriétés exceptionnelles de régulation de chaleur car elles renferment beaucoup d’air (jusqu’à 85%). Ce volume d’air permet d’emmagasiner la chaleur corporelle et procure une vraie chaleur lorsque le thermomètre est au plus bas. Cette fibre permet aussi le transfert de l’humidité (elle peut accumuler un tiers de son poids sans être mouillée). La laine refoule l’eau mais laisse passer la vapeur d’eau. N’oublions pas que la laine est 100% biodégradable mais elle engendre les mêmes enjeux environnementaux que ceux de l’élevage.
La (vraie) laine provient du mouton traditionnel. Sa laine est souvent rêche et lourde. Sa récolte se fait par la tonte. Il faut savoir que trop de laine sur le dos du mouton nuit gravement à la santé de l’animal car cette fibre pousse en continue.
La laine d’agneau plus connu sous le nom de lambswool est récolté dès les 6/7 mois de l’animal. C’est la toute première laine récoltée, elles est donc d’une grande souplesse avec un touché moelleux et protégera des températures les plus extrêmes. Cette fibre contient de l’huile naturelle ce qui la rend encore plus résistante à l’eau et peu de suint ce qui limite les allergies.
Le mérinos est issue d’un mouton portant le même nom. C’est surtout en Australie et Nouvelle-Zélande que l’on le trouve. Cette race produit énormément de laine. C’est LA laine qui ne pique pas par excellence ! Elle est élastique et antibactérienne, sa fibre retarde les mauvaises odeurs. Elle est également thermorégulatrice et elle se détend assez rapidement. C’est également la laine utilisée pour les vêtements de sport type randonnée. Cette laine est également récoltée par la tonte de l’animal.
Le mohair et le kid mohair (chevreau) émanent de la chèvre angora. Sa toison est très fine, longue et frisée. Sa tenue est excellente et le touché est moelleux. Attention elle peut avoir tendance à gratter. La chèvre angora est tondue pour la récolte de sa laine.
Le cachemire est issue d’une chèvre provenant de la région du même nom (dans l’Himalaya). Cette laine est très fine, il en faut énormément pour obtenir le fil (ce nombre détermine l’épaisseur du tricot – 24 aux maximum). Cette fibre fait parti du top 3 des laines les plus cher au monde. Sa légèreté (10 fois plus légère que la laine traditionnelle), sa douceur et sa chaleur sont ses principales qualités. Il faut garder en tête que c’est une fibre qui bouloche plus facilement que les autres. Certains peuples préfèrent peigner les chèvres plutôt que de les tondre.
Le pashmina n’est pas considéré comme une matière car il n’a jamais été labellisé. Il est récolté en haute altitude (au delà de 4500 m) au printemps en peignant les chèvres Changra. C’est en réalité un duvet que les chèvres produisent uniquement dans des conditions extrêmes. Cette fibre est utilisée principalement pour confectionner des châles. Il n’est pas rare de la voir accompagnée d’une autre fibre comme la soie. Attention cette fibre est énormément contre-faite…
La vigogne est un mammifère de la famille des camélidés. Son commerce a repris depuis 2002 mais il est très encadré et réglementé car l’espèce est menacée d’extinction. Le poil est d’une extrême douceur (le cachemire parait rêche en comparaison). Son prix au kilo est plus élevé que celui de l’or, ce sont uniquement les maisons de luxes qui utilisent cette fibre. Elle ne peut être travaillée que manuellement et la récolte se fait par la tonte de l’animal.
L’alpaga provient d’un mammifère de la cordillère des Andes (Amérique du Sud) appartenant à la famille des camélidés. Cet animal est élevé principalement pour sa laine qui est très précieuse. Elle est plus douce et légère que celle du mouton. Elle contient peu de suint ce qui convient aux personnes allergiques à la laine traditionnelle. Elle est récoltée par la tonde de l’animal.
L’angora est principalement produite par le lapin angora, mais parfois par le yack ou le mouton angora. L’angora est un poil long et soyeux qui est tout de même moins aéré que le mohair. C’est une fibre noble mais cruelle car elle est récoltée par l’épilation au peigne dans certains pays comme la Chine alors qu’elle est tondue en Allemagne par exemple. L’angora est d’une chaleur incontestable, par contre les poils on tendance à se détacher.
La soie la plus commune est issue du cocon de la chenille du bombyx du mûrier appelé “ver à soie”. Le fil obtenu est continu, fin, élastique et souple. La fibre de soie est très absorbante (jusqu’à 30 % de son poids) mais elle est surtout très douce. Cette fibre est thermorégulatrice, elle peut nous accompagner durant toute l’année. Les vêtements en soie plus rigide sont souvent issu d’un autre ver voir d’une araignée et leur qualité est souvent moins bonne. Elle est plus communément appelée “soie sauvage“. Il faut savoir que la soie ne convient pas au végétarien car l’animal est tué lors du procédé de récupération. Pour en savoir plus, c’est par ici !
Le duvet est principalement utilisé dans les vestes (et la literie). Le duvet le plus qualitatif provient de l’oie mais le plus utilisé est celui du canard. Cette matière offre de belles performances thermiques. En plus de sa légèreté et de son effet gonflant, elle est aussi très compressible. Le duvet est censé provenir des élevages dont les palmipèdes sont arrivé à maturité (pour le marché alimentaire) mais dans de nombreux pays, ces oiseaux sont plumés ou plutôt déplumés entre 2 à 4 fois durant leur vie et bien sûr à vif. Je vous laisse imaginer la souffrance animale.
La plume (d’autruche) est beaucoup moins utilisée aujourd’hui qu’avant-guerre. La mode change, les chapeaux se portent moins. Seuls les music-halls ont encore des besoins importants. Les plus recherchées sont celles des mâles (les noires) mais plus encore les blanches, qui se prêtent bien à la teinture. La collecte des plumes se fait tous les neuf mois, afin qu’elles ne soient pas encore usées. Les plumes sont coupées au ras de la peau et prélevées uniquement sur des autruches de 3 à 12 ans.
Les fibres minérales
Les fibres minérales proviennent des minéraux. Elles sont imputrescibles, résistantes aux températures élevées et très solides. Elles servent notamment pour la fabrication de matériaux composites comme le fil métalloplastique/métallisé autrement dit Lurex. Lurex n’est en faite que le nom de la marque (d’origine lyonnaise) créée en 1946. Il va révolutionner l’utilisation des fils métal car les fils d’or et d’argent deviennent légers et souples et vont épouser la libération de la silhouette féminine. Attention tous les fils métallisés ne sont pas recouvert d’or. Le fil d’or et le fil d’argent sont aujourd’hui utilisés uniquement pour les vêtements de haute-couture. Ils étaient autrefois destinés aux personnes de rang supérieur et à beaucoup plus grande échelle. Les orpailleurs doivent utiliser des produits extrêmement nocifs pour eux ainsi que pour l’environnement.
Qu’est-ce qu’une fibre artificielle ?
Une fibre artificielle peut-être considérée comme chimique car les fibres naturelles sont transformées pour améliorer leurs capacités (résistance, etc). Les substances utilisées peuvent être naturelles ou chimiques (c’est là que tout se joue). De manière générale, elles s’usent moins que les fibres naturelles.
Les fibres artificielles naturelles
Le lyocell (que vous connaissez peut-être sous le nom de Tencel) est produit à partir de pulpe de bois (généralement de l’eucalyptus) et d’un solvant non-toxique (NMMO). Le lyocell a un faible impact environnemental (son solvant est récupéré à plus de 99%). Il est donc produit dans un circuit à boucle quasi-fermée. Cette matière possède de nombreuses qualités : respirant, résistant, élastique, difficilement froissable et biodégradable.
Le modal est une matière proche du lyocell. La seule différence entre ces deux matières et le solvant utilisé. Le modal est conçu à partir de cellulose de bois et de Sulphate de Sodium (récupéré jusqu’à 95%). Cette matière est tout de même considérée comme écologique car son impact environnemental est faible. Ces caractéristiques sont similaires au lyocell.
Le cupro (aussi connu sous le nom de Bemberg) est fabriqué à partir des déchets de l’industrie du coton. Les graines de coton (linter) sont extraites de la “boule” de coton, puis plongées dans un bain de cuprammonium (solution ammoniacale d’oxyde de cuivre). Cette fabrication est à circuit quasi-fermé, ce qui limite la pollution. Le cupro à mauvaise réputation car il a longtemps été (et il est toujours) utilisé comme doublure pour les manteaux par exemple. Son tombé est proche de celui du polyester (fluide et satiné) pourtant ce tissu est respirant, très absorbant, biodégradable et thermorégulant.
Qu’est-ce qu’une fibre synthétique ?
Une fibre synthétique est tout droit sortie de la chimie car elle est créée à partir de rien, enfin si de substances chimiques. Elles ont l’avantage d’être peu absorbantes et sèchent rapidement. Elles sont idéales pour les activités sportives car elles permettent d’évacuer facilement la transpiration. En contrepartie elles stockent les odeurs. Comme ces fibres sont issues de la thermoplastique, elles sont peu froissables et résistantes aux taches, ce qui donne des tissus faciles d’entretien.
Le détail des fibres artificielles et synthétiques s’ajouteront petit à petit.
N’hésitez pas à laisser un commentaire si vous souhaitez en savoir davantage sur une matière.
Elsa
Bonjour Elsa,
Votre article sur les différentes fibres m’en a appris plus sur un sujet sur lequel je ne m’étais pas bien intéressé jusque là.
Epicier de produits paysans et locaux, voilà un moment que je consomme des produits sains pour mon corps et pour l’environnement, mais en ce qui concerne l’habillement c’est autre chose…
Voilà des années que je porte les mêmes vêtements et l’envie me prend de renouveler un peu ma garde robe.
Auriez-vous en tête des boutiques pour hommes que vous recommanderiez ?
Merci à vous et bonne continuation !
Tifenn
Bonjour Tifenn,
Veuillez m’excusez pour mon délais de réponse. Je viens de prendre connaissance de votre commentaire. Merci beaucoup pour votre commentaire, il me fait chaud au cœur ! J’aime savoir qu’on est de plus en plus nombreux à s’intéresser à l’habillement au naturel. Êtes-vous de Lyon ? Si oui, je recommande à beaucoup d’hommes le dépôt-vente Troc Nippes (cours Lafayette). Les articles sont de bonne qualité et l’accueil très agréable. Cependant je suis actuellement la seule à être spécialisée dans les fibres naturelles mais je chine quelques pièces homme que je mets en vente sur mon compte pro sur la plateforme Vinted. Le nom du compte est ils_aussi ! Belle fin d’année ! Elsa